Thomy Bourdelle doit son prénom, qui n'est ni Thomas, ni Tommy, mais très exactement Thomy, à sa mère qui était d'origine irlandaise, tandis que son père était Normand. Il naquit à Paris, un 20 avril. Habite 150 bis, boulevard Pereire, à Paris ; envoie sa photo.
Particularités physiques et morales. — Taille : 1 m. 805, sous la toise. Poids : 88 kg. 500. Pesait 85 kilos à dix-huit ans. Solidement charpenté, n'a pas un pouce de graisse. Très sportif. Joue encore au rugby. S'entraîne régulièrement au Racing, à la Croix Catelan. A un cheval de selle, Silly Boy, et le monte régulièrement, mais trouve que c'est là un plaisir et non un véritable sport. Mais s'il avait eu poids et taille lui permettant de monter professionnellement en obstacles, n'aurait pas cherché d'autre carrière, car monter en course le passionne. Nage. Aime l'aviation et l'auto. Est trop vraiment sportif pour que la culture physique l'amuse. Pas tellement gourmand, n'apprécie guère non plus la boisson : croit que ces deux plaisirs lui manquent. Assez brutal, mais pas coléreux. Pas rancunier. Pas tellement ouvert, mais pas menteur non plus : fermé, tout simplement. Pense tout ce qu'il dit, mais est bien loin de dire tout ce qu'il pense. Aime la campagne, toute la nature ; a une petite ferme en Normandie où il passe tous ses loisirs ; il y réfléchit « à tout ce qu'on pourrait faire... si on pouvait », tant dans le domaine agricole que dans celui du cinéma. Son chien, Silly, est là-bas, un dalmatien. Beaucoup de poules. Un petit cheval de labour qui s'appelle Gamin. Aime la musique, l'entendre, pas en faire, car, dit-il, « il pianote comme un dégoûtant ». Le regrette, d'ailleurs. Regrette aussi de ne pas lire beaucoup, sauf en voyage, mais il y a deux raisons à cela : le temps passe trop vite — et Bourdelle n'aime pas les déceptions. Alors, il revient à quelques livres de chevet, toujours les mêmes, où il est sûr de trouver une substance à son goût. Bien qu'il se soit destiné à Centrale, il est aussi peu cartésien que possible et considère Pascal comme le Grand Maître. Reprend souvent -les Pensées...
Sa vie. — Etudes chez les frères de Passy, qui formaient les élèves en vue de Centrale. A leur exil en Belgique, il les suit au collège de Froyennes. Les études de piano étaient pendant les récréations : en moins de deux mois, le jeune Thomy avait compris... et renoncé pour toujours aux gammes. Le sport lui était, par contre, déjà cher et, à dix-huit ans, il était arrivé à la demi-finale du concours de l'athlète complet. C'étaient ses dernières vacances avant Centrale, il demanda à les passer au collège d'athlètes, au parc Pommery, à Reims, et se préparait à concourir pour la finale le 15 août. Mais ce 15 août était celui de 1914...
La démobilisation le trouva, en 1919, quelque peu désorienté : il n'était plus question pour lui de faire Centrale ! Il hésitait à rester dans l'armée, passa six mois dans la soierie à Lyon, puis tout à coup, comme ça, il se décida...
Au cinéma. — Deux semaines de trois cachets à 60 francs l'un lui étaient garanties lorsqu'il débuta dans Taxi 313 X-7, avec Saint-Granier, chez Gaumont, Pière Colombier metteur en scène. Il fit onze cachets au total ; ce fut donc, pour le temps, une affaire assez brillante. Vinrent ensuite : La Maison de Saint Cloud, Château historique, La Bouquetière des Innocents, Le Cousin Pons. A cause de ses muscles, Poirier lui confia le rôle du bourreau dans Jocelyn. Puis, il y eut Le Courrier de Lyon et Geneviève ; Surcouf, La Divine Croisière, Jean Chouan, Fanfan-la-Tulipe, Jocaste, Le Course au flambeau, Les Trois Mousquetaires. Avec Poirier, à nouveau, Verdun et Caïn, son rôle préféré. Poirier et lui étaient partis en Allemagne entendre les premiers parlants, et Poirier s'en inquiétait, « le français n'étant pas une langue universelle ». C'était, hélas ! vrai. Ensuite, Les Vacances du diable, A mi-chemin du ciel, Camp volant, Le Rebelle (encore un rôle qu'il aime, ainsi que le suivant), Le Docteur Mabuse, L'Etoile de Valencia, Adieu les beaux jours, Les Isolés, Fantômas, Mon ami Tim, La Maison dans la dune, Maria Chapdelaine, Un homme de trop à bord et Marika*, qui est à peine terminé.
* "Marika" fut plus tard rebaptisé "Les deux favoris"
Source : Pour Vous n°373 du 9 Janvier 1936
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