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mardi 5 mars 2024

THOMY BOURDELLE & RAMA TAHÉ dans Caïn Aventure des Mers Exotiques.


THOMY BOURDELLE est, dans Caïn de Léon Poirier, l'homme à la musculature puissante mais harmonieuse qui vit dans la plénitude de ses facultés, au milieu de la végétation luxuriante des régions exotiques. La nature est en effet, pourrait-on dire, le principal personnage du film. Elle domine de sa splendeur et de sa force l'homme et sa compagne qui, petit à petit, cependant arrivent à l'asservir et à utiliser, pour leur bonheur, ses multiples ressources. Thomy Bourdelle a fait de Caïn une création symbolique, qui évoque, avec une saisissante vérité, toutes les douleurs et toutes les joies de l'homme primitif. 





RAMA TAHÉ, une jeune danseuse originaire de la Guadeloupe, s'est révélée artiste accomplie dans Caïn, le film de Léon Poirier, dont nous avons déjà montré à nos lecteurs toute la poésie et tout le charme exotique. Elle joue dans ce film le rôle de Zouzour, la compagne du maudit, qui a volontairement quitté la civilisation pour vivre sans contrainte dans l'exubérance de la nature tropicale. Rama Tahé apparaît sauvagement gracieuse et délicieusement femme au milieu de cette nature qui lui prodigue avec abondance ses fruits les plus savoureux. 




Ciné-Miroir n°300 / 1er janvier 1930





vendredi 1 mars 2024

EN BRIERE avec Léon Poirier et Thomy Bourdelle ( Cinéa n°18 / 01 août 1924 ).

 


EN BRIERE avec Léon POIRIER 

Le beau roman de M. A. de Châteaubriant, que l'Académie Française, il y a un an, gratifia d'un de ses prix les plus enviés, révéla à ses innombrables lecteurs qu'il y avait à quelques heures de Paris un coin de France qui se distinguait de tous les autres par la nature de son sol autant que par les moeurs de ses habitants, par sa poésie simple et rude autant que par son respect des traditions. 
  Tant d'originalité devait tout naturellement attirer les cinégraphistes épris de pittoresque et non moins naturellement encore entre tous M. Léon Poirier, qui n'est pas le dernier à avoir su traduire en images mouvantes la poésie dont se pare le visage multiple de la France. Nous aurons donc au début du prochain automne un film portant ce titre La Brière et cette signature : Léon Poirier.  
  J'arrive de Brière où je suis allé passer trois jours en compagnie de Léon Poirier et de ses interprètes : Armand Tallier, José Davert ; Mlles Myrga, J. Marie-Laurent, Renée Wild et Prévost. 
  Située à une douzaine de kilomètres au nord de Saint-Nazaire la Brière s'étend des deux côtés d'une chaussée qui traverse quelques-uns de ses villages les plus importants : Saint-Joachim, Mayun que l'on ne peut facilement atteindre qu'en automobile. 
  Ce fut donc en automobile qu'en compagnie de Bourdel, l'athlétique, dévoué et gai régisseur de Léon Poirier je fis le chemin de Saint-Nazaire à Saint-Joachim où la troupe avait établi un quartier général. 
  « Saint-Joachim ne possède pas d'auberge assez importante pour nous loger tous », m'explique Bourdel tandis que nous traversons en trombe des petits villages aux maisonnettes blanches sous leurs toits de roseaux épais comme des édredons, alors nous avons loué une maison au bord du marais. Vous allez voir cette cagna : son propriétaire, qui est le maire de Saint-Joachim et Basque... Oui, Basque ! Pas mal pour un pays traditionaliste et fermé aux non-brièrons !— son propriétaire, pour se rappeler ses voyages, l'a débarrassée de son toit et transformée en bordj algérien... Alors quand il pleut— et il pleut souvent en Brière ! — nous devons dormir, un parapluie à la main ! Charmant hein ? « Et Bourdel rit, heureux ! Tenez ! voilà l'objet ! ». Une maison blanche hérissée de créneaux chocolat, surgit de la verdure au détour de: la chaussée. L'auto s'arrête et me voici au milieu d'une troupe gesticulante de brièrons et de brièronnes en qui je reconnais Mme Poirier, Tallier, Davert ; Mlles Myrga, Renée Wild et Mmes Marie-Laurent et Prévost. Tallier et Davert ont des faces tannées par le soleil et les petits bonnets des femmes prennent des allures inattendues sur les visages roses et mauves de maquillage. 



  Mais voici Léon Poirier qui sort de la kasbah, flanqué de ses opérateurs Belavorne et Georges Bastia. « Venez visiter la maison, me crie-t-il, et dire « bonjour » aux canards de Myrga ! » — « Oui, j'élève des canards — c'est l'industrie du pays ! » précise la créatrice de Geneviève. Mais Mme Poirier se glisse entre nous. « Non, non, à table, s'écrie-t-elle, mes sardines vont être brûlées ! ». 
  La table est dressée en plein air, toutes les pièces de la maison étant transformées en dortoir. Le rude vent souffle, le cidre emplit les bols de porcelaine et les sardines que Bourdel, au lever du soleil, est allé en motocyclette acheter au Croisic, apparaissent en rangées entre deux énormes grils où elles ont affronté les flammes d'un feu de tourbe. José Davert s'excuse de ne pas nous offrir un plat de grenouilles de sa façon, mais Mme Poirier qui aime les animaux, la veille au soir, quand toute la maisonnée dormait, a rejeté dans le marais les soixante grenouilles qu'il avait eu tant de mal à capturer. 

JOSÉ DAVERT dans le rôle d'Aoustin 

  Chacun s'évertue à me mettre au courant de la vie menée depuis des semaines en Brière par la compagnie : lever à 6 heures, ravitaillement à la Baule, à Guérande ou à Saint-Nazaire, ménage, cuisine, travail, vaisselle, etc. Jamais on ne se couche avant 11 heures. Voilà, n'est-il pas vrai? un emploi du temps qui devrait être offert en exemple à toutes les jeunes personnes atteintes de cinématomanie, car il leur ferait peut être comprendre que tout n'est pas rose dans le métier cinématographique. Mais cette vie n'est-elle pas à peu près celle que menaient aux siècles passés les troupes de comédiens qui parcouraient dans le chariot du Capitaine Fracasse ou dans celui de Molière les routes tout le long desquelles étaient embusqués le pittoresque et l'imprévu créateurs de débrouillardise. 

Mlle Myrga

  Toute l'après-midi on «tourne» au bord du marais les scènes qui mettent pour la première fois face à face Théotiste et Jeanin. Quelques paysans et paysannes, recrutés non sans peine par Bourdel, qui leur a promis qu'on les photographierait et qu'on leur donnerait leur portrait, assurent la figuration. 
  Le lendemain M. A. de Châteaubriant, qui a quitté Locronan où il prépare un nouveau roman, se joint à nous pour voir se métamorphoser en images la fresque brossée par lui avec des mots. Nous nous embarquons sans perdre une minute dans un des noirs et longs chalands que M. Léon Poirier a loués et nous filons sur le marais à la recherche de l'endroit où l'on pourra travailler. José Davert, Armand Tallier, Bourdel, Georges Bastia manient la perche comme de vieux brièrons. 



  On glisse parmi les hauts roseaux et les nénuphars vernis qui font sur la coque goudronnée un bruit très doux de soie et M. de Châteaubriant lentement égrène ses souvenirs. « C'est en hiver qu'il faut voir le marais, quand le ciel est bas. L'eau paraît de bronze et les villages sont auréolés de la fumée violette qui sort des cheminées où brûle la tourbe. Le long des chalandières, les tas de mottes se dressent en pyramides de deuil et les hauts-fourneaux de Trignac élèvent sur l'horizon leur menace rougeoyante. Si vous aviez vu tout cela comme je l'ai vu, il y a vingt ans! » 
  En effet, bien qu'il n'ait fait paraître son roman qu'en 1923, M. de Châteaubriant en a réuni la documentation plusieurs années avant la guerre si bien qu'il ne retrouve plus ses impressions d'alors et c'est, les yeux embrumés de mélancolie qu'il continue en regardant José Davert assis à l'arrière du chaland. « C'est mon Aoustin ! Il était là près de moi et pendant des heures je n'avais devant les yeux que sa haute silhouette noire... Aoustin est mort  le pauvre ! ... et la Brière meurt aussi! Il y a vingt ans toutes les femmes portaient la coiffe et tous les hommes le « mâtiné de beda » (petit chapeau rond). Quand j'arrivais à l'entrée d' un village j'étais accueilli par des ricanements quand ce n'était pas par une volée de cailloux ! ». 
  Mais Léon Poirier vient s'asseoir près de l'écrivain : « La Brière n'est pas si changée que vous le craignez, affirme-t-il. Sans doute les femmes se croiraient-elles déshonorées si elles ne portaient pas des chapeaux à l'instar de Paris et les hommes rougiraient-ils s'ils ne se coiffaient pas de casquettes de lads anglais... 



  Mais les villages se défendent toujours. Je n'ai pas encore pu « tourner » une seule scène à Feyrun et partout ailleurs nous avons dû nous faire accepter avec mille précautions. On sent que le curé, de son confessionnal, a glissé dans l'oreille de ses paroissiennes des paroles de méfiance à l'adresse du Cinéma, instrument de perdition. Rassurez-vous : ce n'est pas encore demain que les ingénieurs de Trignac assécheront le marais. La Brière se défend ! ». 
  De cette défense, j'ai eu quelques preuves au cours de mon séjour. Pour être certain d'avoir une figuration portant encore le costume local, M. Léon Poirier avait organisé un concours de coiffes doté de prix importants. Quelques femmes vinrent, les bandeaux noirs coiffés de linge brodé et tuyauté, mais quand arriva le moment de les photographier, elles présentèrent obstinément la nuque à l'appareil : « Vous voyez mieux nos coiffes ! » affirmaient-elles et il fallut avoir recours à la ruse pour les amener à tourner la tête vers l'objectif.
  Ailleurs, c'est un vieux pêcheur à qui nous apprenons que l'électricité est capable de fournir non seulement la lumière, mais encore la force qui permettrait d'assécher le marais et qui nous répond : « Je ne savais pas... Alors, vaut mieux que l'électricité ne vienne jamais jusqu'ici... On continuera à s'éclairer comme on pourra ! ». 
  Il est vrai que nous avons vu, ce soir là une jeune brièronne ramener, en pédalant, ses vaches du pâturage et le lendemain quatre landaus venus de Saint-Nazaire promener, à travers les rues de Saint-Joachim, une noce dédaigneuse des plus respectables et des plus jolies traditions et vêtue suivant les derniers préceptes des arbitres des élégances de la banlieue parisienne. 
  Ces partisans du progrès ont fini par céder au charme du Cinéma et le Cinéma lentement, grâce à l'habileté et au bon garçonnisme de la troupe de M. Léon Poirier, a conquis La Brière. 
   « Pourquoi, disait à un de ses voisins un homme qui fumait sa pipe en regardant passer Mme J. Marie-Laurent et Prévost, pourquoi a-t-on fait venir des femmes de Paris pour ça ? N'importe laquelle de nos femmes aurait été aussi bien qu'elles ! ». 
  Cette petite phrase n'avoue-t-elle pas que cet homme était sous le charme, mais n'est-elle pas aussi le plus beau compliment pouvant être adressé à des artistes qui n'ont pas d'autre désir que d'entrer, suivant l'expression consacrée, dans la peau de leurs personnages et qui, pour cela, confiants dans l'influence du physique sur le moral, ont vécu, des semaines durant, sans quitter leurs vêtements de paysans. 
 Ainsi le Progrès et la Tradition se disputent actuellement la Brière, comme, depuis des siècles, la Terre et l'Eau. Un jour viendra où la terre et le progrès seront vainqueurs et, ce jour-là, nous seront reconnaissants au Cinéma qui, grâce à M. Léon Poirier, aura enregistré un souvenir de l'époque pittoresque où La Brière était encore telle que M. de Châteaubriant la vit et la décrivit et où elle appartenait encore un peu à l'Eau et à la Tradition. 

Renée Jeanne

Les opérateurs LAURENCE MYRGA, A. TALLIER, L. POIRIER et J. DAVERT 
Pendant le déjeuner, entre deux prises de vues





 Extrait de Cinéa n°18, 01 août 1924 







mardi 20 février 2024

NOTRE COUVERTURE : Thomy Bourdelle / Ciné-Miroir, n° 275, 11 juillet 1930


Un jour que l'on questionnait Thomy Bourdelle sur ses débuts dans la carrière cinématographique, il répondit avec humour: «Oh! moi, je suis venu au cinéma... par la guillotine !» Il débuta, en effet, dans le rôle du bourreau de Jocelyn. Il avait eu la chance d'être présenté en cette occasion à Léon Poirier, et il faut croire que l'artiste débutant ne fit pas mauvaise impression au metteur en scène, car, depuis, Thomy Bourdelle a tourné, sous la direction de Léon Poirier l'Affaire du courrier de Lyon, Geneviève, La Brière, Verdun visions d'Histoire et, enfin, Caïn. Pour cette production, Thomy Bourdelle a vécu six mois dans la brousse malgache, à Madagascar, et il se déclare enchanté de son séjour dans la grande île.

« Au reste, ajoute-t-il, je me félicite tous les jours d'avoir connu Léon Poirier, qui m'a toujours admirablement conseillé et soutenu. Je pense, à l'instar de beaucoup d'autres, qu'il est à classer dans les tout premiers réalisateurs du monde entier et souhaite travailler avec lui le plus souvent possible. » Thomy Bourdelle fut encore un des principaux artistes de Surcouf, de Jean Chouan, des Fiançailles rouges, du Martyre de sainte Maxence, de la Divine Croisière. C'est un des meilleurs artistes de composition du cinéma français. 

R. M.




jeudi 16 mars 2023

Thomy Bourdelle nous confie des souvenirs et nous parle de ses projets / Figaro du 7 Août 1950.

Thomy Bourdelle nous confie des souvenirs et nous parle de ses projets 

En bavardant avec Thomy Bourdelle, que nous reverrons à l’écran dans Vendetta en Camargue, on ne peut s’empêcher d’évoquer des souvenirs qui restent liés à l'« âge du muet ». Celui qui fut notamment l’interprète de vingt et un films réalisés par Léon Poirier a, pour raconter ses souvenirs, le ton simple d’un homme à qui le destin réserva de grandes joies et qui n’est pas loin de s’en reconnaître indigne. 
Il évoque, tout en se défendant de vouloir se mettre sur le même plan qu’eux, ses modèles, Conrad Veidt et Georges Bancroff. Comme eux, Thomy Bourdelle a été, le plus souvent, au cinéma, du « côté des méchants ». 


— Une certaine intensité intérieure fit qu’on m’attribua des rôles qui ne manquaient jamais d’inquiéter ma pauvre mère... 
Pendant la réalisation de Verdun, visions d’histoire et celle aussi d’autres films, Thomy Bourdelle fut à la fois interprète, assistant, administrateur, secrétaire. 

— On travaillait avec des équipes réduites et cela n’allait pas plus mal ! 
Entre autres réalisateurs qu’il a connus, l’acteur nous parle de Fritz Lang qui s’était fait construire à Dalem, après Metropolis, une maison tout en acier ; de Léon Poirier, qui avait voulu autrefois porter à l’écran La Symphonie pastorale et qui longuement avait préparé le film avec André Gide ; de René Clair qui, dans l4 Juillet, disait à Aimos : « Fais le texte toi-même, je m’en arrangerai ensuite. » 

— Depuis, remarque Thomy Bourdelle, nos auteurs sont devenus plus exigeants. L’acteur nous parle aussi de l’avenir, et du film dont il sera prochainement l’interprète : 
— Il a pour titre Bille de clown (réalisateur Jean Wall) et relate l’aventure d’un jeune provincial (Jean Carmet) qui rêve de faire carrière sous le chapiteau. Mon rôle : celui d’un directeur de cirque, ancien acrobate. Thomy Bourdelle pense — il n’a pas lu le scénario — que le personnage ne sera pas cette fois encore des plus sympathiques... 

Roger Cantagrel.
Figaro du 7 Août 1950.



mardi 14 mars 2023

Renée Wilde & Thomy Bourdelle ( 1925 ).

 


« Pour l'instant je m'adonne à la sculpture et lorsque cet art me laisse quelques loisirs, je les consacre à la musique et aussi au sport. J'adore le tennis et l'auto. Pendant qu'on tournait La Brière, j'ai même fait de la moto. Je m'empresse de préciser que je ne conduisais pas. Je me contentais de monter sur le porte-bagages de Tommy Bourdel qui, lorsqu'il ne tournait pas. se chargeait d'effectuer les achats de provisions dans les environs. Il avait installé sur ce porte-bagages une caisse ordinaire solidement assujettie et c'est cette caisse qui me servait de siège. Jugez si j'étais à mon aise. Mme Léon Poirier levait les bras au ciel toutes les fois que nous partions et me prédisait que je me tuerais. Je dois ajouter que cette prédiction a failli se réaliser a plusieurs reprises. Comme j'incitais Bourdel à faire de la vitesse, il nous arriva souvent l'aventure suivante: j'étais pour ainsi dire arrachée de ma caisse et projetée sur le sol. J'eus toujours la chance de m'en tirer avec quelques égratignures. 
« Bourdel fut également mon professeur de nage. Je recommande sa méthode aux jeunes filles qui ont peur de l'eau. Une jour je manifestai à mon camarade le désir que j'avais d'apprendre à nager. Il m'encouragea et me donna rendez-vous à un endroit des marais ou l'eau n'était pas trop bourbeuse. Au moment où je m'y attendais le moins il me jeta dans le marais en me disant de me débrouiller. J'ai passé ce jour-là un vilain quart d'heure ». 
Renée Wilde riait en racontant cette anecdote. Puis ses yeux se firent plus sombres et s'approchant de la glaise de ses Bacchantes, d'un coup de pouce elle corrigea un défaut qui venait de lui apparaître tout en bavardant avec moi. "Le secret de la vie est dans l'art", a dit Oscar Wilde. 


Pierre DESCLAUX.
Mon Ciné : le premier et véritable journal cinématographique pour le public, n° 186, 10 septembre 1925

lundi 9 mai 2022

LA CARRIERE DE THOMY BOURDELLE : L'ancien officier est devenu général - Cinémonde 1931.

Une des traditions les plus fâcheuses que le cinéma ait cru devoir emprunter au théâtre, c'est la détermination des genres, qui enferme les artistes dans des rôles forcément conventionnels. 
 Ceci s'excusait et s'expliquait sur le chariot de Thespis, lorsque les comédiens longeaient les routes, avec leur répertoire, leur coquette, leur ingénue, leur traître et leur amoureux, comme au temps de Fracasse ; l'écran offre aux réalisateurs et à leurs interprètes d'autres possibilités. Pourtant, on a eu tendance — et ceci nous vint, je crois, d'Amérique — a conserver ces étiquettes désuètes.
C'est un jour qu'heureusement, on arrive à secouer. Buddy Rogers, écœuré de ses rôles de jeune premier, par trop puérils, a résolument changé de camp et assumé dans un nouveau film, le rôle du personnage antipathique, que Pierre Louys prétendait indispensable à toute histoire qui se respecte... 

 Général dans l'armée russe

L'inverse se produit également... Thomy Bourdelle, que nous avions vu si ignoble dans À mi-chemin du Ciel, s'est transformé dans Le Rebelle en un homme d'une haute valeur morale... Cette conversion de Bourdelle au bien fut des plus rapides. Fielleux, sournois, lâche, brutal, odieux... l'ancien Voltigeur de l'espace est devenu, sous la direction d'Adelqui Millar, plein de dignité, de noblesse et d'autorité. Notre collaborateur Jean Robin vous a déjà, il y a quelques semaines, exposé la trame du Rebelle, qui met en présence trois personnages : une femme, deux hommes... Comment les classer, ces trois êtres, qui, parce qu'ils sont humains, sont complexes, pleins de contradictions, de luttes, de faiblesse, un homme jeune, un peu frêle, mal préparé au rude jeu de la guerre, sent, à l'heure du danger, tout son être qui renâcle devant la menace de mort. Il recule, il s'affole... Il est la bête aux abois, que la crainte, la rage désespérée aveuglent... 
C'est Sablin, le rebelle, à qui Pierre Batcheff a prêté son visage maladif et douloureux, ses yeux de fièvre, son masque inquiet... Sa femme veut le sauver... Il n'y a dans son cœur que de la piété... et le sentiment de son devoir, d'épouse... 
Mais elle est jeune, belle, passionnée. Elle a souffert. Ses nerfs sont épuisés.. Sur sa route se trouve alors, seul maître de son destin, l'homme qu'elle a rencontré trop tard, celui qu'elle doit aimer... Voilà pour Suzy Vernon, si mal utilisée souvent, un vrai rôle de femme, et qu'elle a su remplir...

Thomy Bourdelle à la ville...


C'est à Thomy Bourdelle que revenait la tâche d'incarner le général, puissant et pesant, un peu brutal et d'abord rude. 
Il lui fallait ne pas se laisser écraser par le costume du rôle... C'est un détail qui a plus d'importance qu'on le croit. La longue redingote : le bonnet d'astrakan des généraux russes sont lourds à porter... Thomy Bourdelle, avec sa belle stature d'athlète, a su donner une impression de force, d'aisance trapue et virile... Ses yeux clairs, aux prunelles transparentes, son visage aux reliefs accentués donnaient au personnage à la fois l'âge et le caractère slave qui convenaient...
Et puis, Thomy Bourdelle sait être un bel officier. On l'a vu dans Verdun visions d'histoire... et ce n'est pas seulement dans le film de Poirier qu'il a acquis cette assurance, cette sûreté «le ton et d'attitude dans tous les détails du commandement : Thomy Bourdelle fut officier pendant la guerre.. 
À l'armistice, au lieu de poursuivre les études interrompues à l'Ecole centrale, il fut amené, par Poirier, au cinéma, pour lequel il s'était passionné depuis les premières expériences. Il ne faut pas oublier que c'est à Poirier que nous devons cet artiste qui fut toujours son interprète préféré... Les premiers films de Bourdelle sont anciens, mais pas encore oubliés : Jocelyn, Jocaste, Le Courrier de Lyon, La Brière... Tandis que son metteur en scène et ami tourne en Afrique La Croisière noire, Bourdelle tourne plusieurs films pour les Cinéromans, notamment La Divine Croisière... Puis Cavalcanti. alors à ses débuts, lui confie un des rôles de composition de En Rade... C'est Cavalcanti qui, après Caïn, l'enrôlera sous la bannière Paramount... Tous ceux qui ont utilisé Thomy Bourdelle aiment à faire appel à lui, dès qu'un rôle s'offre dans la gamme très vaste de ceux qu'il peut interpréter. Caïn ne pouvant guère être considéré comme un film parlant, c'est dans Les Vacances du Diable que cet artiste fait ses véritables débuts devant le micro... Depuis, il y a eu, du même Cavalcanti, À mi-chemin du Ciel... Puis Le Rebelle, et depuis trois semaines. Bourdelle tourne, avec Max Reichman : Camp Volant... Encore un film de cirque... 
Mais nous pouvons attendre beaucoup du réalisateur D'Attractions et d'un tel interprète. 

M. G. 

Cinémonde, n° 146, 6 août 1931







samedi 13 novembre 2021

GENEVIÈVE de Léon Poirier - 1923.

 Geneviève est un film français réalisé par Léon Poirier, sorti en 1923. 

Geneviève est une enfant orpheline et vit avec sa petite sœur Josette. En raison de sa situation économique, elle annule le mariage avec un homme honnête et respectueux. Josette, après une courte et formidable histoire d'amour, meurt en laissant un petit garçon. En raison de cet incident, Geneviève est condamnée et emprisonnée. Errant de ville en ville, de village en village, elle parvient enfin à rejoindre la maison de son ancien fiancé.

Fiche technique 
Titre : Geneviève 
Réalisation : Léon Poirier 
Scénario : Léon Poirier, d'après le roman d'Alphonse de Lamartine, Geneviève. Histoire d'une servante (1863) 
Photographie : Bernasseau, Lucien Bellavoine, Jean Letort et Georges Million 
Décors : Robert-Jules Garnier 
Lieux du tournage : Col des Champs, Provence-Alpes-Côte d'Azur, France
Production : Société des établissements L. Gaumont 
Pays d'origine : France 
Format : Noir et blanc - 1,33:1 - 35 mm - Muet 
Durée : Date de sortie : France - 30 novembre 1923 

Distribution 
Laurence Myrga : Geneviève 
Thomy Bourdelle : Cyprien 
Madeleine Guitty : la bourgeoise 
Dolly Davis : Josette 
Pierre Blanchar : Lamartine 
Pierre Éloi : Septime de Rivieu 
Madame Lenoir : la sage-femme 
Marie Lacroix : la mère 
Francia Séguy : Josette enfant



Mon Ciné n° 93, 29 novembre 1923






Mon Ciné n° 94, 6 décembre 1923

mercredi 2 septembre 2020

L'AFFAIRE DU COURRIER DE LYON de Léon Poirier - 1924.


L'Affaire du courrier de Lyon est un film français muet, réalisé par Léon Poirier, sorti en 1923. 
Ce film a été tourné en trois parties : La Haine ; L'Amour ; La Loi. 



Synopsis 
En 1796, la malle-poste de Paris à Lyon, qui transporte une importante somme d'argent, est attaquée par un groupe de malfaiteurs. Ceux-ci volent l'argent et tuent les postillons. Des suspects sont arrêtés, dont Lesurques qui ressemble à l'un des coupables. Cherchant à se venger de Lesurques, qui a autrefois pris le parti (contre lui) de son ex-fiancée, l'inspecteur de la sûreté Maupry va utiliser cette ressemblance pour le faire condamner... 

Fiche technique 
Titre original : L'Affaire du courrier de Lyon 
Réalisation : Léon Poirier 
Scénario d'après une pièce de Paul Siraudin et Louis-Mathurin Moreau 
Photographie : Bernasseau et Jean Letort 
Société de production et de distribution : Gaumont 
Pays d'origine : France 
Langue : français (intertitres) 
Format : Noir et blanc - 35 mm - 1,33:1 - Film muet 
Longueur : 7100 mètres (3 parties) 
Genre : drame, historique 
Date de sortie : France : 9 mars 1923 (1re partie) 16 mars 1923 (2e partie) 23 mars 1923 (3e partie) 

Distribution 
Roger Karl : Joseph Lesurques / Dubosc 
Daniel Mendaille : le comte de Maupry 
Émile Saint-Ober : Durochat 
Laurence Myrga : Madeleine Brebant 
Suzanne Bianchetti : Clotilde d'Argence 
Blanche Montel : Mme Lesurques 
Suzanne Dantès : Claudine Barrière 
Colette Darfeuil 
Georges Deneubourg : l'accusateur public 
Jean Heuzé : Legrand 
Ernest-Henri Demanne : le père Audebert 
André Daven : Audebert 
Amy Vautrin : Élise Audebert 
Tommy Bourdel : Vidal 
Paul Horace : Courriol 
Blanche Ritter : Madame Tallien




Mon Ciné n° 57, 22 mars 1923




Mon Ciné n° 58, 29 mars 1923




Mon Ciné n° 59, 5 avril 1923










dimanche 30 août 2020

JOCELYN de Léon Poirier - 1922.

Jocelyn est un film français réalisé par Léon Poirier, sorti en 1922. 



Fiche technique 
Titre : Jocelyn 
Réalisation : Léon Poirier 
Scénario : Léon Poirier, d'après le poème d'Alphonse de Lamartine 
Photographie : Jean Letort 
Décors : Robert-Jules Garnier 
Production : Gaumont Série 
Pax Pays d'origine : France 
Format : Noir et blanc - 1,33:1 - 35 mm - Muet 
Durée : 90 minutes 
Lieux de tournage : Entraunes pour les extérieurs
Date de sortie : France - 3 novembre 1922 


Thomy Bourdelle : le bourreau

Distribution 
Armand Tallier : Jocelyn 
Suzanne Bianchetti : Julie, la sœur de Jocelyn 
Laurence Myrga : Laurence 
Jeanne Marie-Laurent : la mère de Jocelyn 
Pierre Blanchar : Lamartine 
Roger Karl : l'évêque 
Thomy Bourdelle : le bourreau


mercredi 17 juin 2020

jeudi 26 septembre 2019

CAÏN - EN MARGE DU CINEMA ET DU SPORT - Lutte et Rugby à Madagascar.

Caïn

Les sportifs qui aiment le cinéma se souviennent certainement de l'officier allemand de Verdun, visions d'histoire. Thomy Bourdelle qui interpréta ce rôle est un sportif, et non un sportif d'hier.

En juillet 1914 Thomy Bourdelle était en effet le seul athlète complet digne, de se mesurer avec Géo André — le plus grand athlète que nous ayons jamais eu, dit-il ; — mais un mois après, en août 1914, se présenta une grande, une formidable épreuve, dont vous avez sans doute souvenance, qui interrompit pour quelques années la carrière sportive de notre héros. Il s'en tira, tant bien que mal, comme des milliers d'autres. Il revint à une vie normale et, par la force aveugle du hasard, fut amené à faire connaissance avec le moulin à images.

Aujourd'hui Thomy Bourdelle nous revient, à peine bronzé, d'un séjour de quelques mois à Madagascar où il vécut l'existence d'un civilisé que la nature ramène peu à peu à l'état primitif, dans ce qu'il a de plus noble et de plus normal.

Ce sont les impressions malgaches de Thomy Bourdelle que vous allez lire. — R. E. B.

Au cours du film j'ai eu à soutenir un combat très serré avec un indigène, champion lutteur bara. Combat singulier dont le prix est la possession de Zozolo, femme indigène, rôle interprété- par ma charmante camarade Rama-Tahé.
L'homme que sa taille et sa force avaient désigné à l'emploi de chef de la police indigène aux plantations de La Motte-Saint-Pierre portait un nom prometteur : Tsymysha (celui qu'on ne tombe pas).
Dans l'intérêt général on convint par le truchement d'un interprète qu'on « arrangerait » le combat et qu'on s'entraînerait tant qu'il le faudrait avant la prise de vues.
Première séance sur la plage d'Ambatoloka. L'homme est puissant et musclé — 1 m. 85, 95 kilos environ, — il lutte à merveille et n'ignore aucune des prises de la lutte au caleçon. Deux séances, trois séances, cinq séances d'entraînement apportent un résultat satisfaisant et d'excellents effets en perspective.
On prend jour pour tourner. La veille au soir M. Piguet, directeur des domaines de La Motte-Saint-Pierre, me prévient que ses bolos (domestiques) ont surpris de nocturnes conciliabules dans lesquels Tsymysha déclare qu'il ne se laissera pas faire par le Vazaha (le blanc) et qu'il jouera son va-tout le lendemain sans tenir compte de ce qui a été réglé à l'entraînement.

EN MARGE DU CINEMA ET DU SPORT 
Lutte et rugby à Madagascar 

Léon Poirier, mis au courant de la cabale, me fait part de son désir de choisir un lutteur moins puissant et moins décidé.
Je lui demande seulement d'interdire l'accès de l'arène à toutes les nombreuses et ferventes admiratrices du champion bara et le prie, dans l'intérêt du film, de ne rien changer au programme.

Le lendemain, lorsque nous arrivons sur les lieux du travail, notre homme, venu à pied, nous attend dans une pose hiératique, invoquant ses dieux et leur demandant la victoire. Sa tête est farouche. Les préparatifs, délimitation du champ et des angles de prises de vues, me semblent interminables, mais je ne perds pas courage et suis décidé à ne pas me « dégonfler ».

Dès les premiers engagements l'homme se livre à fond et je sens qu'il ne tient aucun compte de nos conventions tacites. Je n'ai qu'une façon de m'en tirer, donner aussi moi-même à fond et être, sinon plus fort, du moins plus habile que mon adversaire.

Nous luttons près de dix minutes avec de très durs échanges sans arriver à un résultat. Tout à coup mon adversaire me porte à la volée un splendide bras roulé par lequel nous sommes précipités à terre tous deux. C'était l'occasion rêvée. Lui saisissant l'avant-bras resté libre, je le lui tordis violemment comme en lutte libre, ce qui le fit hurler et lâcher prise. Nous rompîmes, c'était fini.

Léon Poirier était satisfait. Il avait très grandement la matière suffisante pour faire un montage intéressant.

A Tananarive où étaient installés les laboratoires d'essai et de développement, nous avons fait un séjour d'un mois. J'ai eu l'occasion de voir les équipes malgaches de rugby. Très vites, d'un souffle inépuisable, les indigènes sont accrocheurs en diable et d'une souplesse magnifique. Après qu'un des leurs eut marqué un essai, j'ai vu les quatorze autres équipiers exécuter avec ensemble un magistral saut périlleux pour saluer cet exploit. Ce qui n'est pas à la portée de tout le monde, évidemment.

Les équipes malgaches se présentent sur le terrain en maillots rutilants et pieds dûment chaussés et cramponnés, mais au bout de dix minutes de jeu les chaussures voltigent sur les touches, les bas aussi. Avant la mi-temps, tout le monde est jambes et pieds nus !

Au point de vue athlétique, très différentes sont les aptitudes physiques des indigènes. Les Hovas souples et adroits sont admirablement doués pour le tennis. Les Sakalaves et les Betsimisarakas, robustes paysans et bergers, ont un souffle inépuisable et feraient d'excellents crossmen : les porteurs de lait font journellement à travers la brousse de l'île 60 kilomètres avec un chargement d'une vingtaine de kilos. Les Baras et les Antandroys, grands, forts, musclés, feraient des boxeurs et des lanceurs remarquables. Ils tuent un boeuf d'un coup de sagaie. Ils lancent avec précision à 40 mètres environ un engin moins approprié cependant aux jets que notre javelot.

Quant aux séances de lutte baras, elles réunissent souvent plusieurs dizaines de concurrents et sont disputées avec un acharnement fantastique. Le titre de champion d'un village apporte avec lui toutes les prérogatives accordées à un grand chef.

Thomy BOURDELLE.

Titre : Match : l'intran : le plus grand hebdomadaire sportif
Éditeur : (Paris)
Date d'édition : 1930-06-03
Description : 03 juin 1930






La Maison Dans La Dune de Pierre Billon (1934).

UN FILM DE QUALITE   La Maison dans la Dune  Un seul film nouveau cette semaine mais c'est un film français. Et de qualité. L'histoi...