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vendredi 1 mars 2024

EN BRIERE avec Léon Poirier et Thomy Bourdelle ( Cinéa n°18 / 01 août 1924 ).

 


EN BRIERE avec Léon POIRIER 

Le beau roman de M. A. de Châteaubriant, que l'Académie Française, il y a un an, gratifia d'un de ses prix les plus enviés, révéla à ses innombrables lecteurs qu'il y avait à quelques heures de Paris un coin de France qui se distinguait de tous les autres par la nature de son sol autant que par les moeurs de ses habitants, par sa poésie simple et rude autant que par son respect des traditions. 
  Tant d'originalité devait tout naturellement attirer les cinégraphistes épris de pittoresque et non moins naturellement encore entre tous M. Léon Poirier, qui n'est pas le dernier à avoir su traduire en images mouvantes la poésie dont se pare le visage multiple de la France. Nous aurons donc au début du prochain automne un film portant ce titre La Brière et cette signature : Léon Poirier.  
  J'arrive de Brière où je suis allé passer trois jours en compagnie de Léon Poirier et de ses interprètes : Armand Tallier, José Davert ; Mlles Myrga, J. Marie-Laurent, Renée Wild et Prévost. 
  Située à une douzaine de kilomètres au nord de Saint-Nazaire la Brière s'étend des deux côtés d'une chaussée qui traverse quelques-uns de ses villages les plus importants : Saint-Joachim, Mayun que l'on ne peut facilement atteindre qu'en automobile. 
  Ce fut donc en automobile qu'en compagnie de Bourdel, l'athlétique, dévoué et gai régisseur de Léon Poirier je fis le chemin de Saint-Nazaire à Saint-Joachim où la troupe avait établi un quartier général. 
  « Saint-Joachim ne possède pas d'auberge assez importante pour nous loger tous », m'explique Bourdel tandis que nous traversons en trombe des petits villages aux maisonnettes blanches sous leurs toits de roseaux épais comme des édredons, alors nous avons loué une maison au bord du marais. Vous allez voir cette cagna : son propriétaire, qui est le maire de Saint-Joachim et Basque... Oui, Basque ! Pas mal pour un pays traditionaliste et fermé aux non-brièrons !— son propriétaire, pour se rappeler ses voyages, l'a débarrassée de son toit et transformée en bordj algérien... Alors quand il pleut— et il pleut souvent en Brière ! — nous devons dormir, un parapluie à la main ! Charmant hein ? « Et Bourdel rit, heureux ! Tenez ! voilà l'objet ! ». Une maison blanche hérissée de créneaux chocolat, surgit de la verdure au détour de: la chaussée. L'auto s'arrête et me voici au milieu d'une troupe gesticulante de brièrons et de brièronnes en qui je reconnais Mme Poirier, Tallier, Davert ; Mlles Myrga, Renée Wild et Mmes Marie-Laurent et Prévost. Tallier et Davert ont des faces tannées par le soleil et les petits bonnets des femmes prennent des allures inattendues sur les visages roses et mauves de maquillage. 



  Mais voici Léon Poirier qui sort de la kasbah, flanqué de ses opérateurs Belavorne et Georges Bastia. « Venez visiter la maison, me crie-t-il, et dire « bonjour » aux canards de Myrga ! » — « Oui, j'élève des canards — c'est l'industrie du pays ! » précise la créatrice de Geneviève. Mais Mme Poirier se glisse entre nous. « Non, non, à table, s'écrie-t-elle, mes sardines vont être brûlées ! ». 
  La table est dressée en plein air, toutes les pièces de la maison étant transformées en dortoir. Le rude vent souffle, le cidre emplit les bols de porcelaine et les sardines que Bourdel, au lever du soleil, est allé en motocyclette acheter au Croisic, apparaissent en rangées entre deux énormes grils où elles ont affronté les flammes d'un feu de tourbe. José Davert s'excuse de ne pas nous offrir un plat de grenouilles de sa façon, mais Mme Poirier qui aime les animaux, la veille au soir, quand toute la maisonnée dormait, a rejeté dans le marais les soixante grenouilles qu'il avait eu tant de mal à capturer. 

JOSÉ DAVERT dans le rôle d'Aoustin 

  Chacun s'évertue à me mettre au courant de la vie menée depuis des semaines en Brière par la compagnie : lever à 6 heures, ravitaillement à la Baule, à Guérande ou à Saint-Nazaire, ménage, cuisine, travail, vaisselle, etc. Jamais on ne se couche avant 11 heures. Voilà, n'est-il pas vrai? un emploi du temps qui devrait être offert en exemple à toutes les jeunes personnes atteintes de cinématomanie, car il leur ferait peut être comprendre que tout n'est pas rose dans le métier cinématographique. Mais cette vie n'est-elle pas à peu près celle que menaient aux siècles passés les troupes de comédiens qui parcouraient dans le chariot du Capitaine Fracasse ou dans celui de Molière les routes tout le long desquelles étaient embusqués le pittoresque et l'imprévu créateurs de débrouillardise. 

Mlle Myrga

  Toute l'après-midi on «tourne» au bord du marais les scènes qui mettent pour la première fois face à face Théotiste et Jeanin. Quelques paysans et paysannes, recrutés non sans peine par Bourdel, qui leur a promis qu'on les photographierait et qu'on leur donnerait leur portrait, assurent la figuration. 
  Le lendemain M. A. de Châteaubriant, qui a quitté Locronan où il prépare un nouveau roman, se joint à nous pour voir se métamorphoser en images la fresque brossée par lui avec des mots. Nous nous embarquons sans perdre une minute dans un des noirs et longs chalands que M. Léon Poirier a loués et nous filons sur le marais à la recherche de l'endroit où l'on pourra travailler. José Davert, Armand Tallier, Bourdel, Georges Bastia manient la perche comme de vieux brièrons. 



  On glisse parmi les hauts roseaux et les nénuphars vernis qui font sur la coque goudronnée un bruit très doux de soie et M. de Châteaubriant lentement égrène ses souvenirs. « C'est en hiver qu'il faut voir le marais, quand le ciel est bas. L'eau paraît de bronze et les villages sont auréolés de la fumée violette qui sort des cheminées où brûle la tourbe. Le long des chalandières, les tas de mottes se dressent en pyramides de deuil et les hauts-fourneaux de Trignac élèvent sur l'horizon leur menace rougeoyante. Si vous aviez vu tout cela comme je l'ai vu, il y a vingt ans! » 
  En effet, bien qu'il n'ait fait paraître son roman qu'en 1923, M. de Châteaubriant en a réuni la documentation plusieurs années avant la guerre si bien qu'il ne retrouve plus ses impressions d'alors et c'est, les yeux embrumés de mélancolie qu'il continue en regardant José Davert assis à l'arrière du chaland. « C'est mon Aoustin ! Il était là près de moi et pendant des heures je n'avais devant les yeux que sa haute silhouette noire... Aoustin est mort  le pauvre ! ... et la Brière meurt aussi! Il y a vingt ans toutes les femmes portaient la coiffe et tous les hommes le « mâtiné de beda » (petit chapeau rond). Quand j'arrivais à l'entrée d' un village j'étais accueilli par des ricanements quand ce n'était pas par une volée de cailloux ! ». 
  Mais Léon Poirier vient s'asseoir près de l'écrivain : « La Brière n'est pas si changée que vous le craignez, affirme-t-il. Sans doute les femmes se croiraient-elles déshonorées si elles ne portaient pas des chapeaux à l'instar de Paris et les hommes rougiraient-ils s'ils ne se coiffaient pas de casquettes de lads anglais... 



  Mais les villages se défendent toujours. Je n'ai pas encore pu « tourner » une seule scène à Feyrun et partout ailleurs nous avons dû nous faire accepter avec mille précautions. On sent que le curé, de son confessionnal, a glissé dans l'oreille de ses paroissiennes des paroles de méfiance à l'adresse du Cinéma, instrument de perdition. Rassurez-vous : ce n'est pas encore demain que les ingénieurs de Trignac assécheront le marais. La Brière se défend ! ». 
  De cette défense, j'ai eu quelques preuves au cours de mon séjour. Pour être certain d'avoir une figuration portant encore le costume local, M. Léon Poirier avait organisé un concours de coiffes doté de prix importants. Quelques femmes vinrent, les bandeaux noirs coiffés de linge brodé et tuyauté, mais quand arriva le moment de les photographier, elles présentèrent obstinément la nuque à l'appareil : « Vous voyez mieux nos coiffes ! » affirmaient-elles et il fallut avoir recours à la ruse pour les amener à tourner la tête vers l'objectif.
  Ailleurs, c'est un vieux pêcheur à qui nous apprenons que l'électricité est capable de fournir non seulement la lumière, mais encore la force qui permettrait d'assécher le marais et qui nous répond : « Je ne savais pas... Alors, vaut mieux que l'électricité ne vienne jamais jusqu'ici... On continuera à s'éclairer comme on pourra ! ». 
  Il est vrai que nous avons vu, ce soir là une jeune brièronne ramener, en pédalant, ses vaches du pâturage et le lendemain quatre landaus venus de Saint-Nazaire promener, à travers les rues de Saint-Joachim, une noce dédaigneuse des plus respectables et des plus jolies traditions et vêtue suivant les derniers préceptes des arbitres des élégances de la banlieue parisienne. 
  Ces partisans du progrès ont fini par céder au charme du Cinéma et le Cinéma lentement, grâce à l'habileté et au bon garçonnisme de la troupe de M. Léon Poirier, a conquis La Brière. 
   « Pourquoi, disait à un de ses voisins un homme qui fumait sa pipe en regardant passer Mme J. Marie-Laurent et Prévost, pourquoi a-t-on fait venir des femmes de Paris pour ça ? N'importe laquelle de nos femmes aurait été aussi bien qu'elles ! ». 
  Cette petite phrase n'avoue-t-elle pas que cet homme était sous le charme, mais n'est-elle pas aussi le plus beau compliment pouvant être adressé à des artistes qui n'ont pas d'autre désir que d'entrer, suivant l'expression consacrée, dans la peau de leurs personnages et qui, pour cela, confiants dans l'influence du physique sur le moral, ont vécu, des semaines durant, sans quitter leurs vêtements de paysans. 
 Ainsi le Progrès et la Tradition se disputent actuellement la Brière, comme, depuis des siècles, la Terre et l'Eau. Un jour viendra où la terre et le progrès seront vainqueurs et, ce jour-là, nous seront reconnaissants au Cinéma qui, grâce à M. Léon Poirier, aura enregistré un souvenir de l'époque pittoresque où La Brière était encore telle que M. de Châteaubriant la vit et la décrivit et où elle appartenait encore un peu à l'Eau et à la Tradition. 

Renée Jeanne

Les opérateurs LAURENCE MYRGA, A. TALLIER, L. POIRIER et J. DAVERT 
Pendant le déjeuner, entre deux prises de vues





 Extrait de Cinéa n°18, 01 août 1924 







mardi 14 mars 2023

Renée Wilde & Thomy Bourdelle ( 1925 ).

 


« Pour l'instant je m'adonne à la sculpture et lorsque cet art me laisse quelques loisirs, je les consacre à la musique et aussi au sport. J'adore le tennis et l'auto. Pendant qu'on tournait La Brière, j'ai même fait de la moto. Je m'empresse de préciser que je ne conduisais pas. Je me contentais de monter sur le porte-bagages de Tommy Bourdel qui, lorsqu'il ne tournait pas. se chargeait d'effectuer les achats de provisions dans les environs. Il avait installé sur ce porte-bagages une caisse ordinaire solidement assujettie et c'est cette caisse qui me servait de siège. Jugez si j'étais à mon aise. Mme Léon Poirier levait les bras au ciel toutes les fois que nous partions et me prédisait que je me tuerais. Je dois ajouter que cette prédiction a failli se réaliser a plusieurs reprises. Comme j'incitais Bourdel à faire de la vitesse, il nous arriva souvent l'aventure suivante: j'étais pour ainsi dire arrachée de ma caisse et projetée sur le sol. J'eus toujours la chance de m'en tirer avec quelques égratignures. 
« Bourdel fut également mon professeur de nage. Je recommande sa méthode aux jeunes filles qui ont peur de l'eau. Une jour je manifestai à mon camarade le désir que j'avais d'apprendre à nager. Il m'encouragea et me donna rendez-vous à un endroit des marais ou l'eau n'était pas trop bourbeuse. Au moment où je m'y attendais le moins il me jeta dans le marais en me disant de me débrouiller. J'ai passé ce jour-là un vilain quart d'heure ». 
Renée Wilde riait en racontant cette anecdote. Puis ses yeux se firent plus sombres et s'approchant de la glaise de ses Bacchantes, d'un coup de pouce elle corrigea un défaut qui venait de lui apparaître tout en bavardant avec moi. "Le secret de la vie est dans l'art", a dit Oscar Wilde. 


Pierre DESCLAUX.
Mon Ciné : le premier et véritable journal cinématographique pour le public, n° 186, 10 septembre 1925

mardi 10 mai 2022

EN BRIÈRE AVEC LÉON POIRIER & THOMY BOURDELLE.

COMMENT UN METTEUR EN SCÈNE TIRE PARTI DES ÉVÉNEMENTS.

Il ne suffit pas, pour composer un film qui entreprend de nous faire connaître l'âme d'un pays, de se promener dans ce pays avec un appareil de prise de vues et d'enregistrer quelques bobines de pellicule. 
Il faut, avant tout, essayer de connaître ce pays. 

Léon Poirier est un homme qui a apporté au cinéma des buts précis. Il sait ce qu'il veut atteindre. Quand il a fait Jocelyn et Geneviève, il ne s'est pas contenté d'illustrer l'oeuvre de Lamartine, il l'a animée, et l'on peut dire qu'il a composé une œuvre personnelle, inspirée par Lamartine. 

Aujourd'hui, Léon Poirier transpose à l'écran La Brière, le roman d'Alphonse de Chateaubriant. 
Il n'y a pas très longtemps que je sais ce qu'est la Grande Brière. On m'avait dit : " C'est un marais. " Il y a des gens qui se contentent de mots tout faits. 

La Grande Brière n'est pas seulement un marais, c'est un désert de roseaux, de nénuphars et de tourbe. C'est une étendue d'eau noire et de lagunes vertes. Quand on est au milieu et qu'on voit autour de soi le cercle des collines lointaines, on ne sait pas si le monde recommence de l'autre côté. 

La Grande Brière s'étale au nord de l'estuaire de la Loire. Quand on regarde vers le sud, on aperçoit un gril de cheminées. Ce sont les forges de Trignac, mais cela semble au delà de l'horizon, les fumées s'évanouissent dans l'air sans tacher le sol briéron. 

C'est au cœur de ce pays que Léon Poirier a tourné son film. Léon Poirier est un audacieux. Pour Geneviève, il s'est enfoui sous la neige; pour La Brière, il s'est enseveli dans un marécage. Que les amateurs de belles images vivantes lui soient reconnaissants ! 

Or, pour tourner La Brière, il fallait faire jouer les Briérons. Dans nos banlieues policées, il est relativement facile d'obtenir l'aide du pays dans lequel on tourne. On ne peut se plaindre que d'une chose, c'est d'avoir trop de figurants. 

En Brière, il semble que le cinéma soit une manière de monstre inconnu.La Brière est civilisée, certes; sa ville principale : Saint- Joachim possède un " Café de la Mairie " et un téléphone qui fonctionne, mais Saint- Joachini n'est pas la Brière, c'est un bourg en Brière, ce qui n'est pas la même chose. 

Léon Poirier entreprit de faire venir à Saint- Joachim les paysans du marais. Il avait besoin d'eux pour tourner un ensemble. Habitant le pays depuis plusieurs semaines, il avait appris à connaître les habitants, il avait apprécié leur méfiance. Quand on demande quelque chose à un Briéron, il faut qu'il sache pourquoi.


M. Bourdelle, le régisseur, qui est bien plus un secrétaire d'ambassade qu'un régisseur, fit imprimer des affiches annonçant que, le dimanche et le lundi de Pentecôte, seraient données des fêtes en l'honneur de la Brière, à Saint-Joachim. Il y aurait un concours de voitures fleuries, un concours de coiffes, un bal et une course de chalands sur les canaux du marais. Le tout doté de mille francs de prix. 

Pendant huit jours, une publicité active fut donnée à ces réjouissances. Les affiches se voyaient un peu partout, et les journaux locaux se firent un plaisir d'être agréables au metteur en scène. Un joli soleil se déclara partisan de la fête. Le soleil est un dictateur capricieux, qu'il faut toujours avoir de son côté quand on est metteur en scène. Il offrit son concours à Léon Poirier et, le dimanche de Pentecôte, il illumina la petite place de la Mairie de Saint-Joachim, où près de vingt-cinq personnes peuvent tenir à l'aise. 

M. Léon Poirier arriva avec Mme Jeanne- Léon Poirier, ses opérateurs, son assistant, M. Bastia, ses artistes, Mlle Myrga, Mma Marie Laurent, Lacroix, MM. Tallier et José Davert. Quand il vit la rue remplie demande, il se félicita de son ingénieuse idée. 

Ce ne fut qu'eu moment de tourner qu'il se sentit inquiet. Certes, sa fête avait du succès, on était venu de partout : de Nantes, de Saint- Nazaire, de Guérande et du Croisic. On voyait un petit train se débarrasser d'une foule amusée, des bicyclettes sillonner la chaussée qui traverse la Grande Brière. On ne pouvait compter les casquettes de touristes, ni les chapeaux des dames de la ville, mais on ne voyait pas de Briérons. Les coiffes apparaissaient comme des points essaimés et rares dans une foule anonyme, les beaux châles brodés se perdaient dans la monotonie des costumes modernes, rien de tout cela n'était pittoresque, ni imprévu. 

Il fallait pourtant aboutir. On n'organise pas deux fois des cérémonies aussi complètes. 
Léon Poirier appela Bourdelle :
— Cherchez-moi des Briérons et des Briéronnes ! dit-il. 

Oh ! Bourdelle en trouva. Un régisseur trouve toujours ce qu'on lui demande, c'est une sorte de Dieu, créateur de l'impossible. 

Il plongea dans la foule et, chaque fois qu'il émergeait pour respirer, il ramenait avec lui une coiffe ou un chapeau rond, une Briéronne ou un Briéron craintif, qui acceptait de rester sur la place de la Mairie, devant laquelle un barrage était établi pour qu'il n'y eût pas d'évasion. 

Il ramena des hommes et des femmes, des jeunes et des vieux, qui se groupèrent sans enthousiasme, pendant que tous ceux qui avaient pu échapper à ses mains s'enfuyaient vers des lieux inaccessibles. 

Et ce fut ainsi que, sous l'œil des objectifs, commença le concours de coiffes. 

Vous en avez ici un gracieux échantillon. Les Briéronnes sont peut-être un peu timides, mais elles sont charmantes, elles ont grande allure dans leur costume sévère, où seul le châle met ses broderies gaies. Les hommes sont âpres et sévères : visage fermé, grands et solides, séchés par le soleil et durcis par le vent.

Léon Poirier trouva là de bons éléments pour son œuvre, et nul mieux que lui ne sut en profiter. L'art du metteur en scène est de compter dix avec un, de tirer le meilleur parti de tout, de savoir être patient et résigné, de réagir avec promptitude. Voilà pour les qualités intellectuelles. 

Mais la grande qualité morale qu'il doit posséder est, avant tout, le sens du beau. Il doit sentir en quoi réside la beauté d'une chose inerte ou d'une chose vivante, il lui faut dégager la beauté originale d'un ensemble banal de tableaux. 

Dans cette foule disparate et imprévue, je crois bien que Léon Poirier a discerné facilement ce qu'il lui fallait prendre. Vous verrez, sans doute, comment les images d'un film peuvent être différentes des photographies que je vous livre, mais il fallait bien vous les montrer pour que vous jugiez la difficulté de l'effort, qui n'est pas seulement quotidien, mais de toutes les minutes.

X.X.X.

Ciné-Miroir, n° 55, 1er août 1924







La Maison Dans La Dune de Pierre Billon (1934).

UN FILM DE QUALITE   La Maison dans la Dune  Un seul film nouveau cette semaine mais c'est un film français. Et de qualité. L'histoi...