Thomy Bourdelle
« A dix-huit ans, nous a répondu Thomy Bourdelle, je gagnai la demi-finale du concours de l'athlète complet, et je m'apprêtais à disputer la finale contre Géo André qui m'aurait certainement battu lorsque la guerre éclata...
« Après la guerre, je revins au sport et portai alors les couleurs du Racing. En rugby, je jouais avant dans l'équipe première ; en athlétisme, je courais le 400 mètres, je lançais, jetais, sautais... Je fis aussi de la boxe.
« Maintenant, je continue encore. J'ai joué au rugby tout l'hiver. N'ayant plus le temps de m'entraîner comme autrefois depuis que le cinéma m'a absorbé, je me contente tous les dimanches d'opérer en équipe inférieure. Je suis également un fervent de la natation et naturellement je suis un assez bon cavalier, puisque j'ai servi dans la cavalerie. »
Match : l'intran : le plus grand hebdomadaire sportif
26 avril 1932
jeudi 26 septembre 2019
CAÏN - EN MARGE DU CINEMA ET DU SPORT - Lutte et Rugby à Madagascar.
Caïn
Les sportifs qui aiment le cinéma se souviennent certainement de l'officier allemand de Verdun, visions d'histoire. Thomy Bourdelle qui interpréta ce rôle est un sportif, et non un sportif d'hier.
En juillet 1914 Thomy Bourdelle était en effet le seul athlète complet digne, de se mesurer avec Géo André — le plus grand athlète que nous ayons jamais eu, dit-il ; — mais un mois après, en août 1914, se présenta une grande, une formidable épreuve, dont vous avez sans doute souvenance, qui interrompit pour quelques années la carrière sportive de notre héros. Il s'en tira, tant bien que mal, comme des milliers d'autres. Il revint à une vie normale et, par la force aveugle du hasard, fut amené à faire connaissance avec le moulin à images.
Aujourd'hui Thomy Bourdelle nous revient, à peine bronzé, d'un séjour de quelques mois à Madagascar où il vécut l'existence d'un civilisé que la nature ramène peu à peu à l'état primitif, dans ce qu'il a de plus noble et de plus normal.
Ce sont les impressions malgaches de Thomy Bourdelle que vous allez lire. — R. E. B.
Au cours du film j'ai eu à soutenir un combat très serré avec un indigène, champion lutteur bara. Combat singulier dont le prix est la possession de Zozolo, femme indigène, rôle interprété- par ma charmante camarade Rama-Tahé.
L'homme que sa taille et sa force avaient désigné à l'emploi de chef de la police indigène aux plantations de La Motte-Saint-Pierre portait un nom prometteur : Tsymysha (celui qu'on ne tombe pas).
Dans l'intérêt général on convint par le truchement d'un interprète qu'on « arrangerait » le combat et qu'on s'entraînerait tant qu'il le faudrait avant la prise de vues.
Première séance sur la plage d'Ambatoloka. L'homme est puissant et musclé — 1 m. 85, 95 kilos environ, — il lutte à merveille et n'ignore aucune des prises de la lutte au caleçon. Deux séances, trois séances, cinq séances d'entraînement apportent un résultat satisfaisant et d'excellents effets en perspective.
On prend jour pour tourner. La veille au soir M. Piguet, directeur des domaines de La Motte-Saint-Pierre, me prévient que ses bolos (domestiques) ont surpris de nocturnes conciliabules dans lesquels Tsymysha déclare qu'il ne se laissera pas faire par le Vazaha (le blanc) et qu'il jouera son va-tout le lendemain sans tenir compte de ce qui a été réglé à l'entraînement.
EN MARGE DU CINEMA ET DU SPORT
Lutte et rugby à Madagascar
Léon Poirier, mis au courant de la cabale, me fait part de son désir de choisir un lutteur moins puissant et moins décidé.
Je lui demande seulement d'interdire l'accès de l'arène à toutes les nombreuses et ferventes admiratrices du champion bara et le prie, dans l'intérêt du film, de ne rien changer au programme.
Le lendemain, lorsque nous arrivons sur les lieux du travail, notre homme, venu à pied, nous attend dans une pose hiératique, invoquant ses dieux et leur demandant la victoire. Sa tête est farouche. Les préparatifs, délimitation du champ et des angles de prises de vues, me semblent interminables, mais je ne perds pas courage et suis décidé à ne pas me « dégonfler ».
Dès les premiers engagements l'homme se livre à fond et je sens qu'il ne tient aucun compte de nos conventions tacites. Je n'ai qu'une façon de m'en tirer, donner aussi moi-même à fond et être, sinon plus fort, du moins plus habile que mon adversaire.
Nous luttons près de dix minutes avec de très durs échanges sans arriver à un résultat. Tout à coup mon adversaire me porte à la volée un splendide bras roulé par lequel nous sommes précipités à terre tous deux. C'était l'occasion rêvée. Lui saisissant l'avant-bras resté libre, je le lui tordis violemment comme en lutte libre, ce qui le fit hurler et lâcher prise. Nous rompîmes, c'était fini.
Léon Poirier était satisfait. Il avait très grandement la matière suffisante pour faire un montage intéressant.
A Tananarive où étaient installés les laboratoires d'essai et de développement, nous avons fait un séjour d'un mois. J'ai eu l'occasion de voir les équipes malgaches de rugby. Très vites, d'un souffle inépuisable, les indigènes sont accrocheurs en diable et d'une souplesse magnifique. Après qu'un des leurs eut marqué un essai, j'ai vu les quatorze autres équipiers exécuter avec ensemble un magistral saut périlleux pour saluer cet exploit. Ce qui n'est pas à la portée de tout le monde, évidemment.
Les équipes malgaches se présentent sur le terrain en maillots rutilants et pieds dûment chaussés et cramponnés, mais au bout de dix minutes de jeu les chaussures voltigent sur les touches, les bas aussi. Avant la mi-temps, tout le monde est jambes et pieds nus !
Au point de vue athlétique, très différentes sont les aptitudes physiques des indigènes. Les Hovas souples et adroits sont admirablement doués pour le tennis. Les Sakalaves et les Betsimisarakas, robustes paysans et bergers, ont un souffle inépuisable et feraient d'excellents crossmen : les porteurs de lait font journellement à travers la brousse de l'île 60 kilomètres avec un chargement d'une vingtaine de kilos. Les Baras et les Antandroys, grands, forts, musclés, feraient des boxeurs et des lanceurs remarquables. Ils tuent un boeuf d'un coup de sagaie. Ils lancent avec précision à 40 mètres environ un engin moins approprié cependant aux jets que notre javelot.
Quant aux séances de lutte baras, elles réunissent souvent plusieurs dizaines de concurrents et sont disputées avec un acharnement fantastique. Le titre de champion d'un village apporte avec lui toutes les prérogatives accordées à un grand chef.
Thomy BOURDELLE.
Titre : Match : l'intran : le plus grand hebdomadaire sportif
Éditeur : (Paris)
Date d'édition : 1930-06-03
Description : 03 juin 1930
Filmographie de Thomy Bourdelle.
• 1922 : L'Aiglonne de Renée Navarre & Émile Keppens
• 1922 : La Fille des chiffonniers d'Henri Desfontaines
• 1922 : Jocelyn de Léon Poirier
• 1922 : Roger la Honte de Jacques de Baroncelli
• 1923 : Geneviève de Léon Poirier
• 1923 : Le Taxi 313-X-7 de Pierre Colombier
• 1923 : Château historique d'Henri Desfontaines
• 1923 : L'Auberge rouge de Jean Epstein
• 1924 : Surcouf de Luitz-Morat
(Tourné en 8 épisodes : 1. "Le roi des corsaires", 2. "Les pontons Anglais", 3. "Les fiançailles tragiques", 4. "Un cœur de héros", 5. "La chasse à l'homme", 6. "La lettre à Bonaparte", 7. "La morsure du serpent", 8. "La réponse de Bonaparte")
• 1924 : Jocaste de Gaston Ravel
• 1924 : Pêcheur d'Islande de Jacques de Baroncelli
• 1924 : L'Affaire du courrier de Lyon de Léon Poirier
• 1924 : La Brière de Léon Poirier
• 1924 : L'Enfant des halles de René Leprince
• 1925 : Jean Chouan de Luitz-Morat
• 1925 : Jack de Robert Saidreau
• 1925 : Les Dévoyés d'Henri Vorins
• 1926 : Les Fiançailles rouges de Roger Lion
• 1926 : Ma maison de Saint-Cloud de Jean Manoussi
• 1927 : En rade d'Alberto Cavalcanti
• 1927 : Yvette d'Alberto Cavalcanti
• 1927 : Le Martyre de Sainte-Maxence de E.B Donatien
• 1928 : La Divine Croisière de Julien Duvivier
• 1928 : Verdun, visions d'histoire de Léon Poirier
• 1930 : Caïn, aventures des mers exotiques de Léon Poirier etEmil-Edwin Reinert
• 1930 : Les Vacances du diable d'Alberto Cavalcanti
• 1930 : Sous les toits de Paris de René Clair
• 1931 : À mi-chemin du ciel d'Alberto Cavalcanti
• 1931 : Le Rebelle d'Adelqui Migliar
• 1931 : Tumultes de Robert Siodmak
• 1931 : Verdun, souvenirs d'histoire de Léon Poirier et Thomy Bourdelle (uniquement coréalisateur) • 1932 : Fantômas de Paul Fejos
• 1932 : Danton d'André Roubaud
• 1932 : Camp volant de Max Reichmann
• 1932 : Le Testament du docteur Mabuse de Fritz Lang
• 1932 : Mon ami Tim de Jack Forrester
• 1932 : Les Trois Mousquetaires d'Henri Diamant-Berger
• 1932 : Pêcheur belge en Islande, documentaire de Fernand Rigot
• 1933 : Quatorze juillet de René Clair
• 1933 : L'Étoile de Valencia de Serge de Poligny
• 1933 : Pêcheur d'Islande de Pierre Guerlais
• 1933 : Adieu les beaux jours de Johannes Meyer et André Beucler
• 1934 : La Maison dans la dune de Pierre Billon
• 1934 : Maria Chapdelaine de Julien Duvivier
• 1934 : Vers l'abîme de Hans Steinhoff et Serge Veber
• 1934 : L'Homme à l'oreille cassée de Robert Boudrioz
• 1935 : Un homme de trop à bord de Gerhard Lamprecht et Roger Le Bon
• 1936 : Les Deux Favoris de Georg Jacoby et André Hornez
• 1936 : L'Appel du silence de Léon Poirier
• 1936 : Quand minuit sonnera de Léo Joannon
• 1936 : Seven sinners / Doomed cargo / The Wrecker d'Albert de Courville
• 1937 : Sœurs d'armes de Léon Poirier
• 1937 : Arsène Lupin détective d'Henri Diamant-Berger
• 1937 : Les Hommes sans nom de Jean Vallée
• 1938 : Chéri-Bibi de Léon Mathot : Fric-Frac
• 1938 : La Belle Revanche de Paul Mesnier
• 1938 : Adrienne Lecouvreur de Marcel L'Herbier : Pauly
• 1939 : Brazza ou l'épopée du Congo de Léon Poirier
• 1939 : Le Danube bleu de Emil-Edwin Reinert (il ne joua que dans la première version détruite dans un incendie)
• 1940 : Untel père et fils de Julien Duvivier
• 1940 : Le Collier de chanvre de Léon Mathot
• 1941 : Le Valet maître de Paul Mesnier (il est uniquement le directeur de production)
• 1942 : Les Cadets de l'océan de Jean Dréville
• 1943 : Jeannou de Léon Poirier
• 1944 : Le Cavalier noir de Gilles Grangier
• 1945 : Le Capitan de Robert Vernay (il est uniquement le directeur de production)
• 1946 : Cœur de coq de Maurice Cloche (il est uniquement le directeur de production)
• 1947 : Un flic de Maurice de Canonge
• 1947 : La Route inconnue de Léon Poirier (directeur de production)
• 1948 : La Bataille du feu ou Les Joyeux Conscrits de Maurice de Canonge
• 1949 : Vendetta en Camargue de Jean Devaivre
• 1950 : Bille de clown de Jean Wall
• 1951 : Capitaine Ardant d'André Zwobada
• 1952 : Grand Gala de François Campaux
• 1952 : Le Retour de don Camillo de Julien Duvivier
• 1952 : Quitte ou double de Robert Vernay
• 1952 : La Fête à Henriette de Julien Duvivier
• 1952 : Vincennes première, court métrage de Jacques Grassi
• 1953 : Alerte au Sud de Jean Devaivre
• 1953 : Tabor de Georges Peclet
• 1954 : Le Rouge et le Noir de Claude Autant-Lara
• 1957 : Fumée blonde de Robert Vernay
• 1957 : Le rouge est mis de Gilles Grangier
• 1958 : La Tête contre les murs de Georges Franju
Biographie
Thomy Bourdelle est un acteur français. De son nom complet Thomy Charles Bourdelle, il est né le 20 avril 1892 à Paris, dans le deuxième arrondissement. Avant d'en venir à la comédie, il s'illustre par la sculpture. Ses parents le laissent suivre cette voie. C'est donc en taillant figures, formes et personnages dans la pierre que Thomy Bourdelle séduit son premier public. Il est d'ailleurs reconnu dans cet art. En parallèle, il fait ses débuts d’acteur dans un petit théâtre, le théâtre Morse, à Passy. Le directeur, n'est autre qu’Abraham André Nonnes-Lopes, qui se fera connaître plus tard en tant que comédien sous le nom André Nox. Thomy Bourdelle partage son temps entre la sculpture et le théâtre jusqu'à la Première Guerre mondiale. Il est alors appelé sous les drapeaux et part pour quatre ans. Il obtient le grade d'officier de cavalerie. À son retour, il abandonne le quatrième art et se consacre exclusivement à la sculpture. Il continue néanmoins de pratiquer assidûment divers sports : natation, course à pied, boxe, rugby... Peu après, il rencontre le cinéaste Léon Poirier, qui trouve son physique d'athlète intéressant et devine en lui un futur acteur. Il lui confie tout d'abord un petit rôle qui semble à l'inverse de sa personnalité, d’un naturel jovial et amical, celui d'un bourreau dans Jocelyn en 1922. Dans les années qui suivent, Thomy Bourdelle enchaîne les tournages et incarne toutes sortes de personnages dans des styles bien différents : il sera tour à tour sportif dans Taxi 313 de Pierre Colombier, écrivain dans Château Historique d'Henri Desfontaines, ou encore voyageur assassiné dans L'Auberge Rouge de Jean Epstein. C'est alors que son mentor, Léon Poirier, lui propose son premier grand rôle en 1923 : celui de Cyprien dans Geneviève. C'est une réussite. L'année suivante, le réalisateur et scénariste suisse Luitz-Morat lui donne l'occasion d'exploiter son allure de sportif en jouant dans Surcouf. On l'y découvre en corsaire, le torse dénudé, combattant avec fougue, et tentant dans le même temps de charmer la jolie Madiana, amoureuse de Robert-Charles Surcouf (Jean Angelo). C'est là tout le talent de Thomy Bourdelle : il peut être dans un même film pirate redoutable et séducteur en puissance.Il s'investit tellement dans ce film qu'il refuse d'accompagner son ami Léon Poirier en Afrique. Il ne le regrettera pas. Ces quelques films ont suffi à faire de Thomy Bourdelle un acteur aimé du public. Son physique de jeune premier aux grands yeux bleus fait de lui une star américaine à la française. Il ne s'arrête pas là. Il apparaît ensuite dans de nombreux rôles moins importants : Les Fiançailles Rouges de Roger Lion en 1926, Adieu les Beaux Jours, film allemand d'André BeucleretJohannes Meyer en 1933, où il joue aux côtés de Jean Gabin, Fantômasde Paul Fejos en 1932, ainsi que dans plusieurs films de Léon Poirier qui restera tout au long de sa carrière son réalisateur fétiche (L'Appel du Silence, Soeurs d'Armes, Brazza ou l'Epopée du Congo, Jeannou). Il est intéressant de signaler que Thomy Bourdelle a été acteur pendant une période de transition pour le cinéma : l'apparition du film sonore. En effet, jusqu'en 1927, le cinéma parlant n'existait pas, et la première partie de sa carrière cinématographique se fait donc dans le muet. À titre d’exemple, il joue dans la version muette de Verdun, Visions d'Histoire de Léon Poirier en 1928, et coproduit sa version sonore, sortie quatre années plus tard. Thomy Bourdelle prend part à son dernier tournage en 1958 avec La Tête contre les murs, dans lequel il évolue devant la caméra de Georges Franju. À ses côtés, on retrouve notamment Pierre Brasseur(le père de Claude Brasseur),Jean-Pierre Mocky, Paul Meurisse, Anouk Aimée et Charles Aznavour. Après avoir tourné dans près de quatre-vingt-dix films, Thomy Bourdelle s'éteint le 27 juin 1972 à Toulon, à l’âge de quatre-vingts ans.
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