FILM FRANÇAIS PARLANT
RÉALISÉ PAR A. CAVALCANTI.
ÉDITÉ PAR PARAMOUNT.
DISTRIBUTION
Marcelle Chantal. Betty Williams.
Robert Hommet. Allan Stone.
Thomy Bourdelle. Mark Stone.
Maurice Schutz. David Stone.
Jacques Varennes Charles Thorne.
Richard Wilm. Dr Reynolds.
BETTY Williams était une charmante et
jolie manucure attachée au salon de
coiffure d'un grand hôtel. Mais, sous
ces dehors de femme charmante et
insouciante, elle cachait une âme forte et
entreprenante. Sa grande ambition était de
pouvoir réunir assez d'argent pour aller à
Paris et s'y créer une situation indépendante.
D'ailleurs, en plus de ses fonctions de manucure, Betty avait des intérêts dans un établissement de couture, et elle accroissait
notablement ses revenus par les commissions
qu'elle recevait des vendeurs auxquels elle
procurait des clients. D'ailleurs, toutes les
affaires de la jolie Betty étaient traitées sur
des bases de la plus pure cordialité; jamais
aucune affaire d'amour n'était intervenue
dans sa vie et elle faisait preuve, vis-à-vis des
hommes, d'une attitude très détachée. Elle
avait coutume de dire en riant :
— Oh ! les hommes, je les connais : moins
on leur en accorde, plus on en obtient ! »
Un jour, un de ses camarades d'affaires,
Thorne, désireux d'obtenir une commande,
lui offrit un pourcentage exceptionnellement
élevé. Comme elle s'en étonnait, il lui annonça
qu'il s'agissait d'une grosse affaire.
— Un certain Mark Stone, dit-il, fils du
plus gros fermier en grains de la région, doit
venir en ville, je veux lui vendre des machines
agricoles. Il faut que vous m'aidiez à décrocher l'affaire ; elle sera, avec le pourcentage
que je vous offre, aussi bonne pour vous que
pour moi.
Betty accepta cette offre. Mais, au lieu du
Mark Stone attendu, ce fut son jeune frère
Allan qui débarqua à la ville. Cet Allan était
un jeune campagnard candide et naïf, il eut
vite fait de tomber dans les filets de l'astucieuse Betty, et il accepta tout ce qu'elle
voulut bien lui proposer ; il fit même plus, il
en tomba follement amoureux. Mais les
choses allaient se compliquer. Un vendeur
concurrent, ayant appris les tractations de
Betty, télégraphia au père d'Allan en le
priant de venir immédiatement :
Votre fils court un grand danger, venez immédiatement.
Le père d'Allan Stone, ne pouvant se déplacer, envoya son fils aîné Mark pour mettre les choses au point. A peine arrivé, Mark se rendit chez le vendeur qui lui avait télégraphié. Celui-ci le mit au courant de la situation, et Mark sans hésiter, persuadé que son frère avait été le jouet de Betty, se rendit au magasin où elle travaillait.
Il eut avec elle une explication assez vive puis l'insulta grossièrement et satisfait sans doute de ce coup d'éclat, il revint près de son frère et ne lui mâcha pas ce qu'il pensait de Betty.
— Tu n'as plus rien à faire ici, il faut revenir avec moi sans avoir revu cette femme.
Mais Allan ne l'entendait pas de cette oreille. Il courut, au contraire, chez Betty, afin de savoir ce qui s'était exactement passé entre elle et son frère. Betty le reçut de façon très froide.
— Je n'ai rien à vous dire, monsieur, et si je puis me permettre, cependant, de vous donner un conseil, rentrez bien vite chez vous, comme vous le demande votre frère. Alors, Allan, avec la fougue de la jeunesse, se jeta à ses pieds, lui déclara qu'il l'aimait à la folie, et lui demanda de l'épouser.
Betty n'était pas femme à s'emballer aussi vite. Elle commença par ouvrir son cœur à Charles Thorne, lui raconta les insultes dont Mark Stone l'avait abreuvée, et lui parla aussi de ce qu'elle considérait comme une grande plaisanterie : la proposition de mariage d'Allan.
— Mais, ce serait une merveilleuse revanche à tirer que d'épouser Allan et d'exiger ensuite cinquante mille dollars de la famille pour abandonner la place.
Betty commença d'abord par rire de cette proposition, puis à la réflexion, elle finit par la prendre au sérieux. Et, quelques jours après, elle couronnait la flamme d'Allan Stone en l'épousant.
Lorsque le jeune couple arriva à la maison des Stone, ce fut presque une révolution. Betty se rendit compte immédiatement qu'elle était tout à fait déplacée dans ce milieu. Le diable était en vacances à la campagne et une singulière lune de miel allait commencer. Mark, son beau-frère, lui était ouvertement hostile, mais le père David Stone persistait à croire qu'après tout il y avait peut-être encore quelque chose de bon dans cette femme que son fils Allan avait amenée à la maison. David Stone était un spécimen de puritain ayant un idéal très élevé et des principes ultra-rigides. Malgré sa bonne volonté du début, il ne tarda pas à s'apercevoir que cette manucure de la ville était tout à fait incapable de vivre parmi eux, et il se rangea à l'opinion de Mark. Un jour, enfin, il ordonna à Betty de quitter la maison et lui demanda quelle somme elle désirait pour cela.
— Cent mille dollars, répondit froidement Betty.
On lui versa la somme et elle retourna à la ville, où elle commença une nouvelle vie, entourée de joyeux amis.
Elle était maintenant à la veille de partir en voyage pour Paris. Charles Thorne venu lui faire ses adieux s'aperçut avec étonnement du changement qui s'était opéré en elle. Sa sérénité passée avait disparu et elle se montrait dans un état nerveux tout à fait inquiétant. Charles, d'ailleurs, était à peine arrivé, ce soir-là, au milieu de la fête, qu'on annonça David Stone. Ce fut une stupeur. Betty refusa de le voir sans témoins, et lui, de son côté, refusa de donner la raison de sa visite.
Après son départ, l'inquiétude de Betty
ne fit qu'augmenter. Peut-être Allan est-il
malade, et son père venait-il lui donner de
ses nouvelles, pensa-t-elle ?
— Allons, avouez que vous aimez cet
Allan, dit Charles, qui était resté près d'elle.
— Eh bien, oui. Je l'aime maintenant que
j'en suis séparée.
Quelque temps après, Betty se décida brusquement à se rendre chez les Stone, et elle
vendit tout ce qu'elle possédait de façon à
pouvoir rembourser les cent mille dollars
qu'elle avait exigés pour quitter Allan.
David ne voulut pas la recevoir. Allan
rentrait justement à ce moment-là. Il voulut
se libérer du grand doute qui l'obsédait.
— Est-ce exact, lui cria-t-il, que vous avez
exigé cent mille dollars pour quitter cette
maison?
— C'est exact, Allan, mais pardonnez-moi,
je venais justement aujourd'hui pour réparer
cette mauvaise action.
Elle avait à peine achevé cette phrase
qu'Allan s'évanouissait, terrassé par une
attaque foudroyante.
Betty en éprouva un
violent chagrin, qui prouva à tous le changement qui s'était opéré en elle et son amour
sincère pour Allan. David lui pardonna. Le
choc de l'émotion subi par Allan devait d'ailleurs avoir un effet salutaire, et lorsqu'en
s'éveillant il vit Betty à ses côtés, il lui prit
la main et la porta avec amour à ses lèvres.
Elle était pardonnée, un avenir heureux
allait s'ouvrir désormais dans la maison des
Stone.
Ciné-Miroir, n°293, 14 novembre 1930.
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