vendredi 13 mai 2022

Le Bancroft français, Thomy Bourdelle - Paris-midi / 7 mai 1932.

 Le Bancroff français.

Grand, large d'épaules, le corps musculeux, Thomy Bourdelle réalise bien le type de l'acteur moderne entrainé à la pratique de bien des sports. 
 C'est du reste un athlète complet. 
 Le premier metteur en scène qui lui fit tenir un rôle vraiment intéressant, — car vers 1922 il avait déjà paru à l'écran dans L'Aiglonne, — l'engagea précisément à cause de ses qualités physiques : Léon Poirier lui confia un rôle de bourreau dam Jocelyn. Demi-nu, le masque grimaçant animé d'une joie cruelle, Bourdelle parut une parfaite incarnation du génie du mal. 

Bourdelle le bourreau torse nu de Jocelyn

Depuis ce peut rôle, cet artiste a fait son chemin. Il a interprété plus de vingt films muets. Le Courrier de Lyon, Geneviève, La Brière, Jean Chouan, Les Fiançailles rouges, La Divine Croisière, Verdun, visions d'Histoire... et près de dix films parlants: Les Vacances du diable. A mi-chemin du ciel, Le Rebelle, Camp-volant, Tumultes, Fantômas et Mon ami Tim. Malgré la diversité d'apparence de ses créations, presque toutes ont quelque chose de commun : elles, expriment la force. Tantôt c'est la force brutale du « traître », tantôt l'énergie du héros. 


Par son physique et son tempérament artistique, Thomy Bourdelle serait donc tout désigné pour camper des hommes semblables à ceux qu'incarne un Bancroft. .
— Ce serait mon plus cher désir, nous déclare Bourdelle. Mais, malheureusement en France, on ne semble pas beaucoup aimer ces types de bourrus sympathiques ; ou du moins la plupart des cinématographistes ne les aiment pas. Car le public, lui, court voir les films de Bancroft, de Jack Holt ou de Wallace Beery ». 
Comme nous demandons à Bourdelle quels souvenirs il a conservé de Paul Féjos, le réalisateur de Big house, qui le fit jouer dans Fantômas, il nous dit : 
 — Ce metteur en scène possède deux grandes qualités : il comprend le cinéma et il sait diriger un artiste. 
 « Or, contrairement à ce que certaines personnes pourraient croire, un artiste a toujours besoin d'être dirigé, car il ne se voit pas. Son jeu vraiment sincère peut paraître ridicule. Il lui faut quelqu'un qui surveille sa mimique et sa diction. Le plus mauvais service qu'on pourrait rendre à un acteur serait de lui dire : « Faites ce que vous voulez ». Soyez presque certain qu'il irait droit à un échec. 
 — Certains artistes déclarent que les artistes de théâtre conviennent, mieux au cinéma parlant que les interprètes de films muets. Qu'en pensez-vous ? 
 — Un bon artiste de théâtre réussira certainement au cinéma parlant ainsi qu'un bon artiste de cinéma muet. Mais l'artiste de cinéma muet possède en outre une expérience qui lui sert beaucoup : sa mimique a été très assouplie et il a appris l'art d'exprimer beaucoup avec le moins de moyens possible. Souvenez-vous comme le moindre clignement d'œil d'un William Hart était éloquent ! 
 — Vous regrettez donc le film muet ? 
 — Je l'avoue. Qui nous rendra ses belles scènes de plein air. son mouvement, sa vie ! . 


— Louis Saurel.
Le Bancroft français, Thomy Bourdelle 
Paris-midi / 7 mai 1932. 

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