Ainsi interpellons-nous Thomy Bourdelle au cours d'une rencontre matinale. Mais n'allez pas croire que le brave colonel Fougas d’Edmond About a conservé son riche uniforme d’officier des chasseurs de la garde ! Non, c’est un élégant civil qui nous répond en souriant :
« Fini, envolé ! dirai-je même. Et pourtant, je le regrette un peu cet Homme à l’oreille cassée.
Il me rappelle de si bons souvenirs des heures de travail avec Robert Boudrioz ! J'avoue que j’ai aimé ce rôle à l’égal de celui de Caïn, que j'avais tourné jadis avec Léon Poirier, quoiqu'il soit assez difficile de faire une comparaison entre ces deux personnages si dissemblables. Pour Fougas, ce qui m'a enchanté, c'est le côté si particulier qui se dégage de l’œuvre d’Edmond About, cette satire si fine qui traverse le ton humoristique de l’ensemble. Que voulez-vous ? Il est assez malaisé de se représenter sans fantaisies un homme qui aurait dormi pendant plus d'un siècle. Mais si cela était réel, je crois que ce malheureux transplanté ne pourrait pas être heureux, en raison des souvenirs qui ont peuplé sa première existence. Il est vrai qu’une seconde vie en perspective ne doit pas déplaire à un pseudo-décédé et que l’on peut toujours faire des projets d’avenir. »
Thomy Bourdelle s’arrête un instant, puis il enchaîne sa pensée :
« Les projets ? Tenez, c’est comme dans le cinéma : on en fait bien souvent et ils se réalisent bien rarement.
« Mais — est-ce une réminiscence de Fougas ? — un personnage me tente : le brigadier Gérard, de Conan Doyle. Un projet ?
« Chi lo sa ! »
G. B.
Pour vous, 4 avril 1935
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